Entretien avec Laetitia Zampese, directrice générale de l’Association Départementale
de Sauvegarde de l’Enfance à l’Adulte de l’Oise (ADSEAO)
QUEL CONSTAT VOUS A CONDUIT À CRÉER, EN 2018, LE CENTRE RESSOURCES PETITE ENFANCE ET HANDICAP ?
L’annonce du handicap ou la perception de troubles chez son enfant constitue un moment particulièrement délicat pour tout parent, d’autant plus lorsqu’il ne sait pas à qui s’adresser, vers qui se tourner et comment être aidé. Pour de nombreux professionnels et institutionnels, l’accès aux services sociaux et médico-sociaux et la reconnaissance de handicap auprès de la MDPH sont à la portée des familles. Or, force est de constater que ce n’est pas le cas. Elles sont souvent en détresse face à la multitude d’acteurs et à la complexité des démarches administratives. La mobilisation et l’énergie déployées peuvent engendrer des fragilités : perte d’emploi, désagrégation de la fratrie, glissement vers l’isolement social voire familial, etc. Dans ce contexte, l’ADSEAO a souhaité apporter une réponse précoce à ces familles avec la création du centre ressources petite enfance et handicap.
QUELLES ACTIONS Y SONT DÉPLOYÉES ?
Les centres ressources peuvent prendre des formes diverses et variées. Le financement CAF pour celui de l’ADSEAO répond à des enjeux de prévention. Il a pour mission de dénouer les difficultés dès leur apparition et de construire des solutions pour l’enfant, ses parents, ses frères et sœurs et les professionnels qui l’entourent. Rayonnant sur l’ensemble du département de l’Oise, deux éducatrices spécialisées et une éducatrice de jeunes enfants à mi-temps interviennent auprès des parents et des professionnels de la petite enfance et de l’enfance. Elles maillent le territoire afin de lutter contre l’errance des familles et la dégradation de leur situation.
Dans un premier temps, le centre ressources a tissé un réseau partenarial important (MDPH, CAMSP, CMPP, protection maternelle et infantile, professionnels libéraux, établissements et services sociaux et médico-sociaux) pour encourager sa saisine par les acteurs concernés et l’orientation des parents. Aujourd’hui, de nombreuses conventions de partenariats sont établies avec les établissements d’accueil du jeune enfant. D’autres sont conclues avec des mairies afin de favoriser la réussite scolaire, la formation des professionnels exerçant dans les centres de loisirs, l’organisation de stages au sein d’établissements spécialisés, etc. Ces actions apportent des clés aux professionnels de la petite enfance et de l’enfance dans l’accompagnement des enfants, l’organisation spatio-temporelle, les outils et les jeux existants, etc.
Depuis juin 2021, une éducatrice de jeunes enfants est venue renforcer l’équipe. Elle pérennise les liens établis avec l’ensemble des structures de la petite enfance et de l’enfance. Elle est à leur disposition pour organiser de nouveaux temps de formation et les accompagner dans l’accueil et l’accompagnement d’un enfant. Cette présence est une ressource pour les professionnels parfois en grande difficulté. Elle permet de construire un projet, de proposer des outils sous la forme de malles (jeux de manipulation, plaques sensorielles, etc.). Même brève, elle favorise la démystification de l’accueil en milieu ordinaire de l’enfant et permet de l’axer sur ses potentialités et non sur ses incapacités, et ce dans des conditions favorisant son épanouissement, son autonomie et son bien-être.
Les deux éducatrices spécialisées, déploient, quant à elles, des actions auprès de l’enfant, de ses parents, voire de sa fratrie. Fondé sur la libre adhésion, l’accompagnement de la famille débute par un premier entretien au domicile, durant lequel l’objectif de l’intervention est fixé avec les parents. Il leur permet de s’orienter dans le tissu d’acteurs existants, de répondre aux démarches administratives, d’identifier, de comprendre et de satisfaire les besoins de leur enfant, etc. Tout comme pour les structures de droit commun, des malles peuvent être mises leur à disposition pour leur donner des outils favorisant la stimulation et le développement de l’enfant. Les parents peuvent solliciter à nouveau le centre, son intervention a vocation à être de courte durée afin de ne pas les rendre dépendants.
AVEZ-VOUS RENCONTRÉ DES DIFFICULTÉS LORS DE SON DÉPLOIEMENT ?
Le centre ressources aide les familles à se repérer dans le paysage institutionnel et associatif. Néanmoins, certains fonctionnements répondent à des procédures complexes qui ne sont pas nécessairement articulées entre elles et ne permettent pas l’accompagnement global de l’enfant. Par ailleurs, le dispositif a pu être confronté à de la méfiance de certains acteurs en raison d’une incompréhension de son objet. A titre d’exemple, des écoles ont pu ne pas l’accueillir favorablement, le considérant comme un « avocat » pour les familles, et non comme une ressource pour l’enfant et les professionnels de la communauté éducative. Toutefois, de par son intérêt préventif indéniable, le centre ressources petite enfance et handicap va se développer pour déployer de nouvelles missions. Tout en conservant une attention particulière sur la petite enfance, une subvention du conseil départemental de l’Oise lui permettra de proposer un accompagnement à l’insertion professionnelle des parents.
Plus d’informations :
www.adseao-asso.fr