Dans une poignante tribune parue durant le premier confinement, le journaliste sportif Mohamed Bouhafsi a lancé un appel à la mobilisation collective face aux violences intrafamiliales. Des mots qui ont fait écho à ce que la CNAPE défend depuis toujours. Interview croisée.
Comment êtes-vous rentrés en contact ?
Mohamed Bouhafsi : C’était une rencontre naturelle. Le matin même de la publication de ma tribune dans le JDD, Fabienne Quiriau m’a envoyé un long texto. Un sms poignant, émouvant et tellement beau. Un message qui m’a donné envie de me renseigner sur l’engagement de la CNAPE et de tous les professionnels et bénévoles qui font qu’elle réalise des choses magnifiques. Lors de notre échange téléphonique, le feeling est passé. C’était naturel et beau.
Fabienne Quiriau : Il est probable qu’en temps ordinaire, je n’aurais pas osé m’adresser aussi directement à Mohamed, que je ne connaissais pas et dont j’ai découvert l’histoire dans cette tribune. C’est sans doute l’effet du confinement qui a abaissé mes réserves habituelles, mais aussi et surtout ses propos qui ont fait que spontanément je lui ai écrit. Sa manière simple et sincère d’évoquer la réalité douloureuse de son enfance, la tendresse envers cette mère si malmenée, sa main tendue, m’ont profondément émue. J’éprouvais le besoin de réagir.
Et cette rencontre s’est transformée en engagement aux côtés de la CNAPE. Comment cela s’est-il passé ?
Fabienne Quiriau : Je m’adressais à lui en tant que directrice générale de la CNAPE. D’emblée, j’ai évoqué l’objet de la fédération et son engagement, mon souhait de lui en parler. A nouveau interviewé, il a évoqué la CNAPE, nos échanges, et se disait désireux de ne plus parler de son histoire mais de vouloir s’engager. Au cours des échanges qui ont suivi, je lui ai demandé s’il concevait de s’engager auprès de la fédération. Il a répondu sans hésitation qu’il en en serait très honoré. Sa désignation comme « ambassadeur » de la CNAPE a été décidée à l’unanimité par les membres du conseil d’administration.
Mohamed Bouhafsi : Fabienne m’a dit que je pouvais m’engager naturellement et faire ce que je voulais faire et surtout pouvais faire. J’ai tout de suite dit à Fabienne que je voulais faire tout ce que je pouvais, tout ce qui était dans mes capacités. On a tout de suite travaillé sur plusieurs sujets comme la fourniture de masques avec l’aide du PSG ou encore l’organisation de visites dans les centres de la CNAPE. On se parle très souvent et c’est pour moi important.
Fabienne Quiriau : Mohamed était impatient de concrétiser son engagement auprès de la CNAPE. Mais le contexte n’était pas favorable pour aller au-devant du terrain. Sans attendre, il a présenté la CNAPE à la Fondation Paris-Saint-Germain qui a manifesté de l’intérêt à poursuivre un partenariat actif avec la fédération en faveur des enfants. Des lots de masques de protection nous ont été remis à destination des associations. Ce fut aussi un moment de communication inédit pour la CNAPE dont une vidéo réalisée par la Fondation a circulé sur la planète foot traduite en plusieurs langues.
En juin, vous avez visité deux établissements d’une association adhérente en Seine-et-Marne. Qu’en avez-vous retenu ?
Mohamed Bouhafsi : J’ai visité ces deux établissements avec ma compagne Angeline. Je voulais tout de suite découvrir le quotidien de ces centres et surtout que mon engagement soit concret. C’était logique. C’est facile de parler mais il faut qu’il y ait des actes. J’ai été profondément marqué par ces deux visites. Profondément marqué par l’engagement, la force des professionnels qui travaillent avec la CNAPE mais aussi par l’espoir de ces jeunes. Nous ne devons rien lâcher. Il faut continuer à s’engager. Il faut se rendre sur place pour aider afin de sensibiliser dans la foulée. J’ai été très ému mais cela m’a donné encore plus envie de faire des choses. Je suis à la disposition de Fabienne et de la CNAPE, je répondrai présent.
Fabienne Quiriau : Ce fut un moment magique tant pour les adolescents que pour les professionnels. Je n’imaginais pas l’effet que Mohamed pouvait produire, ni sa facilité étonnante à entrer en contact avec chacun. J’ai mesuré tout l’intérêt de son engagement auprès de la CNAPE.
Quels sont les futurs projets envisagés avec la CNAPE ?
Fabienne Quiriau : Déjà réitérer, quand ce sera possible, l’expérience que nous avons vécue en Seine-et-Marne, pour en faire des temps de bonheur partagé qui seront certainement les bienvenus. Nous avons évoqué, grâce à l’appui de Mohamed, des événements qui associeraient des joueurs professionnels et des enfants, des invitations lors de rencontres sportives ce qui d’ailleurs s’est déjà concrétisé. Nous avons également pensé mobiliser des clubs de foot, voire d’autres sports, pour mener des actions dédiées aux enfants. Nous imaginons aussi des actions de sensibilisation sur les violences faites aux enfants. Et bien sûr associer Mohamed à des temps forts de la CNAPE. Nous avons pleins d’idées !
Mohamed Bouhafsi : Oui, on a plusieurs projets. Cela n’est pas simple avec le confinement. On a déjà agi sur des petites choses qui peuvent toucher les plus jeunes et leur donner un peu d’espoir. On a par exemple donné une centaine d’abonnements à RMC Sport afin de regarder les matchs de Coupe d’Europe chaque mardi, mercredi et jeudi. Cela donne de l’espoir. Oui, on a plein d’idées, je pense pouvoir travailler avec la CNAPE sur l’espoir et le rêve. Il faut que tous les enfants soient égaux. Egaux aussi dans le bonheur et les moments de répit. Rien n’est simple avec le confinement mais on va continuer à envisager toutes les opportunités pour faire des choses. Je suis impressionné par la motivation de tous les bénévoles et professionnels. Ils font quelque chose d’exceptionnel. Eux aussi, on doit les aider. Dès que cela sera plus simple, j’espère vite me rendre avec Fabienne dans plusieurs